Réaction
« Pour une homogénéisation de la taxe carbone en Europe. »
« La taxe carbone est juste mais inéquitable. Il faut en homogénéiser l’application en Europe », déplore David Bellicini, directeur de la cimenterie d’Imerys à Fos-sur-Mer.
Non seulement la Commission européenne tend à mettre progressivement fin aux quotas gratuits bénéficiant à son secteur pour investir dans la recherche de nouveaux procédés moins émetteurs, mais la taxation des produits d’importation reste inexistante, provoquant une distorsion de concurrence rarement vue. À plus de 70 euros la tonne de CO2 émise, sa contribution va doubler l’année prochaine, passant de 3 à 6 millions d’euros, soit bientôt 8% de son chiffre d’affaires. « D’accord pour payer, mais que toutes les industries soient traitées à la même enseigne », souligne le patron.
Sur les 52 hectares de son site fosséen, tout juste centenaire, Imerys travaille spécifiquement le calcaire et la bauxite à haute température pour en faire du clinker. Broyé en poudre fine, cet aluminate de calcium présente des propriétés inédites : prise rapide, résistance à la chaleur, à la corrosion et à l’abrasion… qui ont convaincu les industriels de la construction du monde entier pour la réalisation d’ouvrages d’envergure, la protection de barrages hydrauliques, les pieds de plateforme en mer, les pistes d’atterrissage, ou les réseaux d’assainissement. Ses trois fours ont par exemple contribué à la construction du tunnel sous la Manche, la pile du viaduc de Millau et le pas de tir de la fusée Ariane à Kourou. L’entreprise contrôle avec ce produit 75% du marché mondial, dont 20% sortent de son usine de Fos-sur-Mer avec une production de 300 000 tonnes de clinker et 150 000 tonnes de ciment expédiées dans une cinquantaine de pays sous les marques Fondu et Secar.
L’entreprise n’a pas attendu les contraintes réglementaires pour se préoccuper d’environnement. Elle a notamment installé des équipements pour réduire les émissions sur ses fours, utilise depuis dix ans des hydrocarbures recyclés pour réduire ses émissions de soufre, et substitué partiellement ses bauxites historiques par d’autres matières premières.
« L’usine de Fos-sur-Mer a ainsi été certifiée des plus hauts niveaux de normalisation environnementale (ISO 9001, 45001 et 14001) », insiste David Bellicini. Et ça n’est pas fini : le groupe Imerys travaille sur un projet pilote de production de liants à très basse empreinte carbone.
Paul Molga