Tour d'horizons

Embarquement vers...

Jean-Yves Baeteman, globe-trotter des luminaires

 Jean-Yves Baeteman, directeur général Batimex. @DR

Le patron de Batimex a passé 40 ans à arpenter la planète pour construire une gamme de luminaires à succès. Il vient de passer la main à son fils Thibaut.

Dire que Jean-Yves Baeteman a la bougeotte est un euphémisme. Depuis la fin de ses études à Sup de Co (ex-KEDGE Business School) en 1983, le patron de Batimex fait du monde son propre jardin. « À l’époque, la Chine s’ouvrait mais il fallait 27 heures pour rejoindre les usines qui allaient faire la fortune du pays. Je parlais anglais, ce qui manquait à mon employeur. J’ai ouvert le premier service d’import-export en Chine, puis dans 40 autres pays en Europe et dans le reste du monde. Je défrichais », se souvient-il.

Treize ans plus tard, il veut voler de ses propres ailes et rachète 35% d’une société qui a développé un service de conteneurisation avec les Antilles et les îles du Pacifiques. Nouvelles destinations, plus ensoleillées, nouveaux défis, nouvelles envies de liberté. En 2004, il crée Batimex (Baeteman Import Export) et réactive ses réseaux en Chine : « Le pays avait déjà bien changé. Quand je m’y rendais dans les années 1980, il y avait 3 hôtels à Canton et aucune voiture dans les rues, exceptées celles qui convoyaient les étrangers sous haute surveillance. » 

Grâce à ses contacts, il déniche un engin qui va faire fureur chez La Fouir’Fouille : la skatinette, une trottinette dotée d’un mécanisme de propulsion inédit. « Son succès a été retentissant », se souvient-il, au point de faire référence dans plusieurs établissements de l’Éducation nationale. Sa stratégie s’affine. Après les gadgets en tous genres qui envahissent alors les étals occidentaux, Baeteman investit le terrain des luminaires. « J’avais découvert de magnifiques lampes de jardin en forme de boule dans un hôtel d’El Jadida. Elles étaient hors de prix. Je les ai faites fabriquer en Chine et référencer dans les grandes enseignes de bricolage. » Sa gamme Lumisky fait ses premiers pas et va faire le succès de Batimex.

En 2010, il embauche son premier salarié : l’un de ses quatre fils, Thibaut, tout juste diplômé en commerce international. Sa fougue déferle comme un tsunami sur l’entreprise. Il digitalise Batimex, investit la vente directe en ligne auprès des particuliers, et référence la gamme sur la plupart des marketplaces. Le Covid lui donne un coup de main : en 2020, l’entreprise réalise plus de 35% de croissance, puis 40% l’année d’après avec près de 5 000 références qui lui fournissent 25 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 45 employés. Son entrepôt, 6 000 m2 basés à La Bédoule, ne chôme pas : désormais, 1 500 colis y sont expédiés quotidiennement vers 25 pays, en plus de l’approvisionnement hebdomadaire des 125 magasins Leroy Merlin.

La suite de cette partition joyeuse, c’est Thibaut qui va la jouer. À 37 ans, il vient de reprendre 95% de Batimex et la présidence de l’entreprise. Place désormais à la rationalisation : les produits les plus volumineux comme les boules et lampadaires, sont maintenant produits en Espagne pour contrer la hausse vertigineuse des tarifs de fret maritime, et source ailleurs en Europe d’autres produits compétitifs comme les salons de jardin. « Il faut reconfigurer nos modèles d’échanges internationaux », résume Jean-Yves Baeteman, qui reste directeur général de l’entreprise pour accompagner la transition. 

Désormais à la tête de l’Apex, le club de networking des entreprises travaillant à l’international, il va s’employer à convaincre !

Paul Molga