Histoires de...

Regards croisés

Synchronicity, Les Grandes Halles et Vitropole : trois acteurs pleinement engagés dans la gestion des déchets

 Maxime Ducoulombier, co-fondateur de Synchronicity Marseille ; Céline Boyer, présidente de Vitropole ; Julien Fabre, co-fondateur des Grandes Halles du Vieux-Port. ©DR

Les professionnels, contrairement aux particuliers, sont responsables de la gestion de leurs déchets. Et ce de la collecte jusqu’à leur élimination ou valorisation finale. Un sujet qui peut paraître simple mais qui se révèle complexe, proportionnellement au volume de déchets à traiter. Mais les solutions existent.

« Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas » aiment à rappeler les associations écolos. Un adage que partage Maxime Ducoulombier. Avec sa société Synchronicity, il aide les professionnels, commerçants ou grands groupes à trouver des solutions de tri, de collecte et de valorisation de leurs déchets, qu’il considère d’ailleurs comme des ressources. L’entrepreneur a néanmoins conscience du long chemin qu’il reste à parcourir. 

« Pour arriver au zéro déchet, il faut au préalable comprendre d’où l’on vient. Cela passe par faire un état des lieux de ses déchets et cibler les plus gros leviers d’action pour obtenir rapidement les impacts les plus significatifs », explique-t-il. Ce qui nécessite, derrière cette apparente simplicité, un changement d’habitude et de fonctionnement. 

Synchronicity Marseille. @DR

INTERLOCUTEUR UNIQUE POUR GESTION SIMPLIFIÉE

C’est évidemment plus simple lorsque l’on part d’une feuille blanche, comme pour Les Grandes Halles du Vieux-Port, nouvelle offre de restauration qui ouvre ses portes mi-juillet en plein cœur de Marseille : « la gestion des déchets a été incluse dès le départ dans le cahier des charges du projet », indique son président, Julien Fabre. Les 2 000 m² dédiés « à la bonne chère » intègrent ainsi un local de 25 m² où sont stockés les déchets de la quinzaine d’échoppes. 

Un lieu unique avec des règles de tri bien établies fixées par la société des Grandes Halles, en concertation avec ses prestataires privés chargés de l’évacuation et de la valorisation des déchets, afin d’optimiser au mieux le système : « étant donné que nos professionnels locataires ont un volume de déchets et des flux différents, il aurait été difficile de trouver une solution consensuelle convenant à tout le monde », précise-t-il. 

Reza Zographos, Laurent Battisti et Julien fabre, les trois fondateurs des Grandes Halles du Vieux-Port. ©DR

Se positionner comme interlocuteur unique est aussi l’option choisie par Vitropole, l’association syndicale libre qui regroupe les 380 propriétaires fonciers des parcs d’activités de Vitrolles. Si la gestion des déchets était auparavant assurée par la métropole Aix-Marseille-Provence, elle a été transférée à un prestataire privé depuis début 2020 pour se conformer aux normes européennes. 

Céline Boyer, présidente de Vitropole. ©DR

« On en a profité pour penser un modèle plus vertueux. On a pour cela étendu les points de collecte et mis en place deux sortes de bac : l’un pour les déchets ménagers non valorisables et l’autre pour récupérer les cinq flux (ndlr : papier/carton, métal, plastique, verre, bois) », indique Céline Boyer, présidente de la structure qui compte 770 entreprises.

FAIRE PLUS, MAIS PAS TOUT SEUL

 Si, en s’organisant, les commerçants peuvent mieux valoriser et même réduire leurs déchets, force est de constater qu’ils ne sont pas les seuls maîtres du jeu. « Il faut que tout le monde s’y mette en amont, à savoir les fournisseurs », glisse Julien Fabre. Exemples à l’appui : qu’ils n’apposent plus leur logo sur les cagettes de fruits et légumes sans quoi elles ne sont pas valorisables, qu’ils remplacent les énormes bacs en polystyrène par des contenants réutilisables…

« Plus on aura de poids sur les fournisseurs, plus on sera source de progression dans la filière », considère le président des Grandes Halles. Faire entrer tous les acteurs de la chaîne dans la boucle vertueuse est justement l’un des axes d’action de Synchronicity. « Le plus difficile est qu’ils dépassent la peur du changement. En les rassurant et en les accompagnant par des process et des outils adaptés à leurs contraintes, ils se rendent compte qu’il est finalement facile de prendre de nouvelles bonnes habitudes », souligne Maxime Ducoulombier.

DES ÉCONOMIES À TOUS NIVEAUX

Tous les professionnels en ont bien conscience : la gestion vertueuse de leurs déchets va être encore plus poussée et encadrée à l’avenir : « c’est pourquoi on va au-delà des obligations actuelles. Mais on a juste pris un temps d’avance sur celles de demain », convient Julien Fabre. Pour Vitropole, le budget consacré à la gestion des déchets est déjà de 500 000 euros par an, auxquels s’ajoutent deux millions d’euros versés à la métropole au titre de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Et qui dit plus de contraintes, dit davantage de coûts. À moins de réduire le volume de ses déchets. 

À la clé, les bénéfices sont non seulement économiques, mais aussi écologiques : moins de collecte, moins de transport, moins de pollution… et un meilleur cadre de vie pour tous !

Agathe Perrier