Regards croisés
Comment attirer les touristes ?
3 exemples : Les Roches Blanches, Rocher Mistral et Chez Madie Les Galinettes. Après deux ans de calme, le tourisme revient dans le sud, plus vivace que jamais. Ces trois acteurs d’envergure détaillent leur stratégie pour capter et fidéliser cette clientèle.
Le tourisme ? « Il est clairement revenu », lâche Emmanuel Blanchemanche. Difficile pour le directeur de l’hôtel Les Roches Blanches de faire des comparaisons, car il occupe son poste depuis deux saisons. « 2023 est une belle année, entre 5 à 10% de croissance en juin et juillet par rapport à 2022, avec la venue d’une clientèle américaine qui découvre Cassis et… en tombe amoureuse ». Même écho de Delphine Roux qui reçoit dans son restaurant Chez Madie Les Galinettes « énormément » d’Américains, de Canadiens, de Japonais et « j’avais dix Taïwanais à déjeuner aujourd’hui qui allaient au Festival d’Avignon ! » Benoit David, le directeur du parc d’attraction historique Rocher Mistral, se réjouit du « retour du tourisme dans le sud et particulièrement celui des étrangers ». Des chiffres qui confirment ceux du CRT (comité régional du tourisme ndlr) et des hébergeurs avec lesquels il collabore. Un bémol toutefois : « La problématique maintenant est de faire en sorte que les touristes viennent consommer chez nous. »
Développer le digital
Pour capter cette clientèle, Benoit David capitalise sur le caractère « familial et original » du parc ouvert le 1er juillet 2021 au cœur du château millénaire de La Barben. Le concept du parc s’articule « autour du patrimoine, du spectacle vivant et immersif ». Pour sa campagne de communication, il s’appuie sur les médias traditionnels : « Cet été, nous avons eu ‘’Elle’' et ‘’Paris Match’’ régional », et développe par ailleurs le digital. Les réseaux sociaux bien sûr - Instagram, Twitter et TikTok -, ainsi que le lien avec les influenceurs qui, invités en famille, participent « à la notoriété du site ». Cette stratégie est aussi celle des Roches Blanches : « Les influenceurs donnent de la visibilité », confirme Emmanuel Blanchemanche. Et d’ajouter : « On a de la chance, notre site est très instagramable ! » Il capitalise également sur l’arrivée de son nouveau chef - Nicolas Sintes, ancien des Fermes de Marie à Megève - et l’ouverture d’un quatrième restaurant: La Pétanque. Delphine Roux estime, quant à elle, que son emplacement sur le Vieux-Port et sa cuisine provençale sont en eux-même attractifs. Elle a toutefois fait appel à J'aime Mon Resto pour gérer réseaux sociaux et référencement, « travail que je ne sais pas faire ». Enfin, pour ne pas rater, comme en 2007, les retombées de la coupe du monde du rugby, cette jeune quinqua étoffera sa carte avec des vins d’autres régions et davantage de plats de viande - daube de bœuf, tête de veau, rognons…
Créer de nouveaux produits
Benoit David peut compter sur le bouche-à-oreille de ses clients « car leur retour sur la qualité des produits est dithyrambique ». Ce qui lui offre un « bel avenir », mais « c’est un combat de tous les jours ». Cela le conduit à faire évoluer sans cesse ses offres. Il propose depuis peu des combinés dîners-spectacles « qui connaissent un succès fou », un jeu familial intergénérationnel sur le thème ‘’apprendre en s’amusant’’ - « quand un enfant prend du plaisir, les parents aussi ». Enfin, une offre petite restauration dans son restaurant - « un endroit magique » qui reste désormais ouvert l’après-midi.
Rien n’est jamais acquis non plus pour Emmanuel Blanchemanche. Pour preuve, mai a été décevant par rapport aux chiffres qu’il attendait, notamment à cause des ponts pluvieux. Et un mois d’août « plus lent en termes de réservations par rapport à l’an dernier. Beaucoup partent à l’étranger pour des destinations qui réouvrent comme le Maroc ». Pour attirer de nouveaux clients, celui qui a l’habitude de gérer des hôtels d’envergue démarche les « belles agences de voyages » dans les salons internationaux de tourisme haut de gamme, à Cannes ou à Paris. Et travaille sur des séjours clé en main avec des expériences, type « retraite de trois jours sur le sommeil pour apprendre à bien dormir ». Il souhaite également capter une clientèle d’affaire Mice* qui « se réunira dans un endroit de rêve comme le nôtre ». Et complétera la clientèle individuelle en basse saison. L’hôtel reste en effet ouvert pour la première fois jusqu’au nouvel an.
Impact sur la région
Le fait de rester ouvert à cette période permettra, il en est certain, de dynamiser le tourisme local. Emmanuel Blanchemanche mise également sur l’aura de la nouvelle pâtisserie-épicerie fine NOMADE, délicatesses sucrées et salées réalisées par les chefs des Roches Blanches. Delphine Roux estime également qu’elle contribue au développement de sa ville en faisant découvrir aux touristes la cuisine locale. Celle qui se définit comme un maillon de la culture provençale n’hésite jamais à expliquer à ses clients pourquoi la bouillabaisse se prépare en deux temps, ou ce qui signifie ‘’alouette sans tête’’. Un patrimoine qu’elle défend plus que jamais.
*activité hôtelière et touristique liée à des événements d’entreprises
Marie Le Marois