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Joseph Arakel, un transporteur à la fibre solidaire

Joseph Arakel , président du groupe Tempo One - © DR

Autodidacte, Joseph Arakel débute sa vie professionnelle en 1974. Il a 22 ans. Au volant de son fourgon J7, il livre des téléviseurs dans les rues de Marseille. 50 ans plus tard, il passe le relais à son fils Olivier à la tête de 25 sociétés de transport et de logistique dont Tempo One, membre du Club Top 20. L’entrepreneur marseillais, devenu une figure du monde économique local, a choisi d’aider son prochain dans le deuxième chapitre de sa vie…

À 72 ans, il porte beau, l’allure svelte, entretenue par un footing régulier…  Derrière ce visage buriné, marqué par quelques sillons, se cache en réalité un parcours de vie sinueux fait de victoires et de défaites, de joies et de deuils. Joseph Arakel n’a que 6 mois lorsque ses parents, Syro-Arméniens, jettent l’ancre dans la cité phocéenne en 1951, arrivant de Madagascar.

Trois ans plus tard, son père tombe sous le feu de la guerre d’Indochine laissant derrière lui une famille nombreuse. Le jeune homme se retrousse les manches. « Nous manquions de tout. Je ne voulais pas être médiocre, j’avais besoin de m’élever. En 1974, à bord de mon Peugeot J7 je deviens sous-traitant de Calberson », raconte Joseph Arakel. Il fait alors la tournée du laitier dans les rues de Marseille et livre des produits Philips et Radiola.

Dans son bureau de l’avenue André Roussin avec une vue imprenable sur les portiques à conteneurs de Mourepiane, de nombreuses récompenses sont alignées contre le rebord de la baie vitrée : la « victoire des autodidactes » de l’Assemblée nationale, la couronne de lauriers de Bpifrance saluant le « parcours de croissance de Tempo One »…  Il poursuit le récit de sa vie et raconte son deuxième deuil, lorsque le tribunal de commerce de Marseille liquide en 1999 les Transports Arakel, une société qui réalise 20 M€ de chiffre d’affaires et emploie 175 personnes dans 9 agences. D’importants impayés conduisent l’entreprise au tapis, mais Joseph Arakel se relève.

Recruté par TNT Logistics en 2000 pour prendre la direction nationale du transport en France, il rejoint ensuite le groupe ABX et prend les rênes d’Ewals Cargo Care. En 2008, la fibre de l’entrepreneuriat le pousse à créer la Générale de Transports Rapides Automotive (GTRA) à la demande des clients chargeurs. « Nous avons débuté avec 3 salariés et demi et 4 M€. Aujourd’hui, nous sommes 800 collaborateurs avec un chiffre d’affaires de 232 M€, dont la moitié réalisé à l’international », raconte le dirigeant. Au sein de la holding Arenc Logistique, il multiplie les créations d’entreprises et se définit comme l’architecte du transport en prenant soin d’intégrer chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement, de la commission de transport (Setcargo, Proliner…) en passant par le transport express et la logistique avec Tempo One et ses 140 000 m2 d’entrepôts à Fos Distriport. 

Fin 2022, il se diversifie dans la promotion immobilière en reprenant le groupe Oasis (50 M€ de CA et 30 salariés) avec d’importantes opérations en cours à Monêtier-les-Bains, à Marseille, Paris et en Corse. Une société pas comme les autres. « Nous voulons créer des logements pour les primo-accédants, des habitations modulables pour les sans-abris, les travailleurs saisonniers et les travailleurs pauvres contraints de dormir dans leurs voitures », détaille-t-il.   

Nouvelles fonctionnalités pour l’appli d’entraide « Plus Avenir Connect »

Aujourd’hui, Joseph Arakel a transmis le capital à ses trois enfants et la présidence à son fils Olivier. Il conserve néanmoins la présidence du comité stratégique de Tempo One. En effet depuis 2010, il multiplie les initiatives caritatives et humanitaires. « Je n’oublie pas d’où je viens. Personne n’est à l’abri d’un accident de la vie. Tempo One a créé un Fonds de dotation, financé à 100%, engagé dans la lutte contre l’exclusion et le soutien des personnes fragilisées par des accidents de la vie (maladies, perte d’emploi, divorce...). Nous aidons les personnes à monter des dossiers avec des avocats, des médecins, des banquiers », souligne Joseph Arakel.

En septembre 2023, l’application d’entraide « Plus Avenir Connect », dont il est à l’origine et qui recense une centaine d’associations partenaires, s’ouvre au grand public et au monde économique afin d’inciter au bénévolat. « C’est un réseau de confiance sécurisé composé d’utilisateurs identifiés », complète le dirigeant. Fin mai 2023, il a pris la présidence de la Banque Alimentaire dans les Bouches-du-Rhône. Joseph Arakel se dit guidé par la volonté d’apporter des réponses concrètes à des besoins bien réels. Une façon d’exister et d’être bien vivant…