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Stefan Badiou, passion sport

Stefan Badiou, directeur régional Marseille Provence au sein de Decathlon. © DR

Le directeur régional Marseille Provence de Decathlon a fait toute sa carrière dans le groupe lillois. Il supervise maintenant les 14 magasins des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse.

Stefan Badiou est un « bébé Decat ». Tout juste sorti de ses études de commerce à Clermont-Ferrand, le voilà propulsé responsable du rayon chaussures dans l’enseigne de sport de la ville. « J’avais 25 ans et on me mettait entre les mains une entreprise en miniature avec une équipe à gérer, un compte d’exploitation, des stocks et des mètres carrés. Rien de plus enthousiasmant quand on démarre sa vie professionnelle », se souvient-il. D’autant que le magasin figure à l’époque dans le top 5 des plus dynamiques du pays.

Le jeune homme apprend vite et brûle les étapes. À peine arrivé, le voilà nommé responsable d’exploitation, chargé de la maintenance, de la sécurité et de l’organisation du travail, puis directeur en formation, l’équivalent maison d’un directeur adjoint. « Je me passionnais pour l’animation. On m’a remarqué », s’excuse-t-il.

À l’aube du 21ème siècle, l’entreprise de Michel Leclercq connaît alors un développement fulgurant et a besoin de collaborateurs investis pour accompagner sa croissance. Le jeune Badiou ne veut pas rater la vague. Pas encore trentenaire, il se voit confier la direction de son propre magasin, à Limoges, puis ouvre celui de La Part-Dieu à Lyon, qu’il gère trois ans durant. Le siège le réclame. Le voilà responsable du contrôle de gestion informatique. Nouveau défi, nouveau succès, nouvelle marche. Direction le soleil : « À l’époque, on gravissait les échelons à la seule force de son réseau. Mon mentor m’a fait confiance. » Avec dix ans de maison en poche, le voilà qui hérite de la direction régionale basée à Avignon : 4 départements, 10 magasins à gérer. Il apprend à faire-faire et à adapter localement les décisions prises au siège.

La confiance de ses pairs se renforce. Quand le groupe décide de forcer la marche en Inde, il est appelé en première ligne : « Une expérience saisissante », admet-il. Il parle mal anglais, doit composer avec des cultures composites, accepter de nouvelles organisations de travail, batailler pour chaque détail, adopter l’esprit "Jugaad" pour trouver des solutions simples, peu coûteuses et rapides à mettre en place, afin d’imposer l’enseigne dans la région d’Ahmedabad. Le premier magasin ne faisait que 100 mètres carrés. Le pays en compte aujourd’hui 47. « C’était comme créer une start-up. C’était difficile mais je me sentais dans mon élément. J’aime les situations complexes. »

C’est ce trait de caractère qui l’a conduit à Marseille après une parenthèse plus reposante de trois ans aux Pays-Bas. Arrivé à la veille de la crise sanitaire, il y est depuis leader région avec la responsabilité du développement des 14 magasins des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse : « Mon expérience indienne m’a préparé à faire face. J’en ai adopté la philosophie : prendre la vie comme elle vient et s’adapter. » En plein confinement, il réinvente le business, développe le drive, la livraison à domicile, la gestion optimisée des approvisionnements, et parvient à profiter de l’engouement nouveau du pays pour le sport à domicile. Son objectif désormais : convaincre encore plus de Français de passer à l’acte :« La moitié des Français font du sport. Il nous faut tout faire pour décider les autres à bouger », veut croire cet adepte du paddle. Une vie au service du bien-être…

Paul Molga