Histoires de famille
Sabardu Tourisme, troisième génération au service de l’évasion
Sabardu… La simple évocation de ce nom résonne au cœur des Provençaux. Pour les uns, cela évoque les souvenirs de ramassage scolaire ou les allers-retours à l’usine, quand d’autres associent ce patronyme à des voyages, des loisirs et des moments de convivialité. 78 ans après sa création par Maurice Sabardu, l’entreprise familiale s’est recentrée sur les voyages avec sa nouvelle marque « Voyages Sabardu », lancée en 2024 par la troisième génération : Didier et Stéphanie.
Qui ne connaît pas Sabardu n’est pas marseillais… ! Autocariste indépendant, Sabardu a accompagné plusieurs générations de provençaux. Un groupe familial fondé par Maurice Sabardu au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Ce revendeur de pneumatiques Michelin, basé au nord de Marseille, à Saint-Antoine, achète son premier autocar en 1948 et dès lors l’entreprise n’aura de cesse de grandir au gré des opérations de croissance externe, le bureau général du Tourisme et la SAMIC… L’expansion, qui se fait au gré des marchés, des contrats de transport de voyageurs, nécessite de quitter Saint-Antoine pour s’agrandir dans le quartier du Repos, près de Vitrolles. Le boom d’activité des entreprises de la pétrochimie de la zone industrialo-portuaire de Fos et le décollage d’Eurocopter portent l’expansion de la flotte d’autocars chargés de transporter les salariés.
Un nouveau déménagement s’impose, en 1982 à Plan-de-Campagne, sur les terres de la zone commerciale encore en friche et la construction du siège social, des bureaux et de l’agence. Jamais deux sans trois. Un nouveau déménagement qui sera un saut de puce. Sabardu traverse la route et construit son siège social actuel de plus de 400 m2 de bâtiments et 8 000 m2 de parkings. La famille a toujours occupé une place centrale dans la bonne conduite de l’entreprise.
Le grand virage du transport au tourisme
« Mon père, Jean-Pierre, a exercé comme pharmacien mais avait une réelle envie de travailler aux côtés de son père. Il devient directeur général de l’entreprise et assiste mon grand-père président. Quant à ma grand-mère, elle gérait la comptabilité et la facturation. Jean-Pierre Sabardu était également très impliqué dans la vie socio-économique de Marseille occupant plusieurs mandats, juge commissaire au tribunal de commerce de Marseille, président de Cartreize et siégeant au Syndicat national du transport de voyageurs. En 1993, nous avions plus d’une centaine d’autocars. Mon père décide de vendre cette activité à Transdev pour se recentrer sur le tourisme. C’est ainsi que Sabardu Tourisme a continué », raconte, avec un plaisir non feint, Didier Sabardu qui travaille en tandem avec sa sœur Stéphanie depuis seulement deux ans.
Lui exerce les fonctions de directeur général de l’entreprise chargé des finances, et sa sœur, présidente, supervise les ressources humaines et l’administratif. Tous deux volent de leurs propres ailes, ils mènent de grandes et belles carrières professionnelles avant de rejoindre le nid Sabardu familial. Stéphanie après des études de notariat a exercé durant quelques années.
De Wall Street à … Plan-de-Campagne
Quant à Didier, diplômé d’économétrie et d’un DEA de sciences de gestion, il entre chez Reuters à Paris pour gérer le marché obligataire. Il y restera 25 ans grimpant dans la hiérarchie avant de s’envoler pour New York puis devient banquier d’affaires à la Société Générale et séjournera quatre ans à Hong Kong. Pourquoi voler de ses propres ailes quand une entreprise vous attend ? « Lorsqu’un conducteur ne se levait pas, c’était mon grand-père et mon père qui se levaient à 3 heures du matin pour transporter les salariés de Naphtachimie ! Je ne me voyais pas faire cela », rétorque Didier du tac au tac.
Quand Jean-Pierre Sabardu disparaît brutalement en 2019, Stéphanie questionne son frère quant à l’avenir de l’entreprise. Avec l’avènement de la pandémie, Sabardu Tourisme est au point mort : « Nous sommes passés de 20 millions d'euros à zéro, il fallait être psychologiquement solide pour tenir mettre les salariés au chômage partiel et solliciter un PGE. Nous sommes les seuls du secteur à n’avoir licencié personne », souligne Didier Sabardu qui a mis son expertise de banquier et financier au service de la perfusion de l’entreprise. En 2022, il met fin aux allers-retours hebdomadaires entre Paris et Marseille pour se consacrer pleinement à Sabardu Tourisme.
Aux côtés de Stéphanie il s’attèle au redémarrage post Covid et répond à l’envie des seniors, privés durant deux ans de voyages, de « travel revenge ». Sabardu Tourisme édite deux fois par an un catalogue et propose des circuits en autocar, des croisières maritimes et fluviales et des escapades lointaines en avion.
« Notre raison d’être, donner du bonheur aux gens »
En 2023, 33 500 personnes ont voyagé avec Sabardu dépassant le niveau d’activité de 2019. Originalité et particularité de l’entreprise ? L’imposant parking XXL à Plan-de-Campagne qui permet aux voyageurs de stationner leurs véhicules durant le séjour et de se laisser porter par les équipes Sabardu. Une organisation clé en main qui séduit terriblement : « Certains, sont fidèles depuis trente ans. Nous avons même d’anciens conducteurs à la retraite qui voyagent avec nous. Notre raison d’être c’est de donner du bonheur aux gens », souligne, amusé, Didier Sabardu.
4 millions d'euros dans une nouvelle flotte d’autocars, retour aux sources
Frère et sœur viennent d’opérer un extraordinaire retour aux ressources en investissant à nouveau dans une flotte d’autocar en propre. 4 millions d'euros ont été investis dans l’achat de 12 autocars grand tourisme Volvo au XTL (6 de 12 mètres et 48 fauteuils et 6 de 14 mètres et 56 fauteuils) dont la livraison a été échelonnée entre décembre 2023 et février 2024.
« Le XTL c’est de l’huile de friture usagée permettant une économie annuelle de 176 tonnes de CO2 », souligne le dirigeant. Des autocars rutilants dont la gestion est confiée à Transdev, partenaire de longue date de l’entreprise et dont les conducteurs sont toujours très attachés à la famille Sabardu. Petit clin d’œil de la vie, les immatriculations des premiers autocars portent les initiales de la mère et du père de Stéphanie et Didier… Tous deux envisagent également d’étendre l’influence de l’entreprise sur le littoral azuréen en ouvrant un nouveau dépôt. Ils entendent développer de nouvelles activités pour rentabiliser les autocars en période creuse. Sabardu Tourisme emploie 26 salariés, de la production à l’exécution des voyages en passant par les services de réservation et administratif. Noémie, Camille, Dimitri, Émilie sont encore sur les bancs de l’école, du lycée et de la fac… La quatrième génération se prépare à son tour à monter dans le car un jour prochain.
Nathalie Bureau du Colombier