Histoires de famille
Reprendre l’entreprise familiale : un beau projet non sans difficulté
Depuis près d’un an, Stéphane Bernier Consonni a officiellement pris la direction de l’entreprise familiale B.Contact Développement avec son frère. Un choix qu’elle ne regrette pas malgré les difficultés de la vie de dirigeant, surtout dans le contexte économique actuel.
« Jamais je ne travaillerais dans l’entreprise familiale. » Ces mots, Stéphane Bernier Consonni se les est dit bien des fois durant sa jeunesse. Et pourtant, à l’aube de la trentaine, la voilà depuis juillet 2023 directrice générale de B.Contact Développement, PME familiale basée à Sisteron et spécialisée dans la commercialisation de matériel d’impression et de téléphonie.
Une structure, rachetée au milieu des années 2000 par son père, qu’elle a intégrée en 2013, deux ans après son frère : « Comme moi, il s’était dit qu’il n’y entrerait pas ! Mais on s’y est finalement attachés, à force de venir y travailler l’été et de participer à la vie de cette entreprise. Mon père souhaitait en plus pouvoir nous la léguer afin de poursuivre l’histoire qu’il a démarrée, plutôt que de la revendre à un tiers », rembobine-t-elle. Bien qu’heureux de voir ses deux enfants le rejoindre, François-Xavier Bernier ne leur a pas offert de passe-droit. Stéphane et Jean-Baptiste ont démarré aux plus petits postes – dans les domaines marketing et commercial pour elle, technique et commercial pour lui – avant de progressivement gravir les échelons : « Mon père voulait qu’on évolue grâce à nos compétences et pas parce que l’on était les enfants du patron. C’est lorsqu’on a pris des postes à responsabilités que l’on a commencé à parler de la transmission », explique-t-elle.
Délicat passage de relais
C’était il y a cinq ans. Une période qui a peut-être été la plus compliquée à vivre pour le trio : « La conjoncture économique était tangente et mon père a eu peur de nous laisser un cadeau empoisonné. Il était donc dans la retenue, et nous, on avait envie de faire nos preuves. On était trois à décider, si bien que les collaborateurs étaient un peu perdus et ne savaient pas à qui s’adresser », se souvient-elle. Tout est depuis rentré dans l’ordre. François-Xavier est à la retraite et se limite à un rôle de conseil, que ses enfants écoutent d’ailleurs volontiers. Stéphane pilote les volets commercial et administratif pendant que Jean-Baptiste, au poste de président, veille sur la partie logistique. « On est très complémentaires. On s’en est vite rendu compte, ce qui nous a permis de ne jamais nous marcher dessus. C’est un atout », souligne la cadette.
SB.contact Développement compte aujourd’hui une quarantaine de salariés © DR
L’espoir de jours meilleurs
Stéphane Bernier Consonni ne nourrit aucun regret d’avoir abandonné son projet de carrière d’institutrice qu’elle avait un temps imaginé. « Je suis contente de travailler avec mon frère et d’avoir repris l’entreprise familiale, mais c’est vrai qu’on ne pensait pas que ce serait aussi complexe », reconnaît-elle. Car le contexte économique – entre difficultés d’embauche, hausse des prix des fournisseurs, réduction des marges… – n’est pas sans créer quelques incertitudes quant à l’avenir. Les nouveaux dirigeants tentent en outre d’apporter leur patte, en automatisant certains outils, ce qui a suscité des craintes chez les salariés. « On essaye d’être rassurants en rappelant que, si le management est différent, l’âme de la société est toujours la même et l’humain au centre des préoccupations », appuie-t-elle. Le plus dur n’est peut-être pas encore passé pour la fratrie mais les deux restent soudés et convaincus qu’avec l’équipe actuelle, tout est réuni pour écrire ensemble une nouvelle et belle page pour B.contact Développement.
Agathe Perier