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La reconnaissance visuelle aux moteurs de recherche
Grâce à ses réseaux neuronaux de « computer vision » utilisant la caméra d’un smartphone, la start-up marseillaise Graffiti permet aux machines de reconnaître le monde physique et de l’associer à des bases de données. Sa première application cible le lèche-vitrine.
Pointer un produit dans un magasin avec la caméra de son smartphone et obtenir toutes sortes d’informations complémentaires à son sujet : comparaison de prix, couponing, composition, avis de consommateurs, origine, impact carbone, note éthique… Une poignée de start-up commence à maîtriser cette technologie de recherche visuelle (Visual Search), un des pans les plus ambitieux de l’IA qui permet à une machine de reconnaître le monde physique. Avec son réseau neuronal de computer vision, l’entreprise marseillaise Graffiti espère bien se faire une place sur ce marché prometteur qui devrait peser 27 milliards de dollars en 2027, selon une étude de Zion Market Research.
En 2019, peu après sa création, elle a remporté le concours Med’Innovant pour développer une application qui affiche en réalité augmentée dans notre environnement les réponses qu’on pose généralement aux assistants vocaux : trouver un restaurant à proximité, afficher des actions de la ville, des vues d’artistes de travaux en cours… L’assistant de recherche Reeveal qui est issu de ce programme veut étendre les champs de recherche à plusieurs domaines consuméristes : alimentation, cosmétiques, films, vins, vêtements et depuis peu le tourisme avec l’assistance au suivi de parcours thématiques.
L’application est destinée aux smartphones. « Mais dans un avenir proche, elle sera disponible sur différentes plateformes de lunettes intelligentes pour déterminer en situation de shopping si un produit est bon pour la santé, le portefeuille et l’environnement », explique Marie Tors, co-fondatrice et présidente de la start-up. Graffiti a ainsi noué un partenariat avec Deutsche Telekom et le fabricant sud-coréen de smart glasses NReal, initié des échanges avec l’alliance LaSAR piloté par STMicroelectronics pour accélérer le développement d’applications pour ces lunettes de nouvelle génération.
C’est la raison pour laquelle l’entreprise focalise tous ses efforts sur la recherche pour valoriser sa technologie. Ses efforts portent leurs fruits : une première démarche commerciale a été engagée avec Cap Gemini pour la réalisation de preuves de concept auprès de grands noms de la distribution. Avec dix autres start-up, elle est également sélectionnée en finale du concours de l’opérateur américain T-Mobile qui récompense la meilleure innovation d’un prix de 150 000 euros. La start-up s’est financée de façon originale en empruntant le modèle des BSA-AIR (bon de souscription d’actions avec accord d’investissement rapide) : l’investisseur libère les fonds qu’il veut placer sans attendre l’issu des négociations sur la valorisation et ne devient actionnaire que plus tard, à la date fixée pour le tour de financement officiellement, en contrepartie d’un discount jusqu’à 25%.
Graffiti a ouvert ce dispositif en janvier 2020 et a levé plus de 500 000 euros nécessaires à son développement.
Paul Molga