Tête d’affiche
Comment Carré d’Artistes a-t-il démocratisé l’art contemporain ?
À la tête du premier réseau francophone de galeries d’art grand public, Stéphanie Tosi a rebondi sur le « phygital » après la crise sanitaire. Le e-commerce représente désormais 15% de ses ventes.
Acheter une toile originale comme on achetait jadis un vinyle chez le disquaire. Avec ce message démocratique, la co-fondatrice et présidente de Carré d’Artistes, Stéphanie Tosi, a fondé un mouvement qui compte aujourd’hui, vingt ans après sa création, un réseau accessible de trente galeries d’art contemporain. Son principe : exposer dans des bacs les œuvres de artistes de tous styles et de toutes inspirations. Pour chacun, quatre formats et un prix par format, à partir de 105 euros.
La formule plaît : après l’ouverture d’une première galerie à Aix-en-Provence fin 2001, l’ancienne commerciale s’est installée (pour moitié en franchise) à Barcelone, Paris, Shanghai, Doha, Berlin, et, il y a quelques années à Marseille dans une ancienne galerie traditionnelle, couvrant à présent dix pays dans lesquels ses Carré d’Artistes « favorisent le rayonnement de la culture française à l’international ».
Pour réussir ce tour de force, l’entreprise a patiemment constitué son catalogue en s’appuyant sur plus de 650 artistes peintres (Français pour la moitié), dont certaines pointures - tel Abelardo Hernandez, Daniel Castan ou Miguel de Sousa. Tous les styles de l’art contemporain y sont représentés, de l’abstrait à l’illustration en passant par l’urbain et le pop art, ainsi que toutes les techniques - acrylique, comme huile, collage ou peinture photographique.
Les amateurs peuvent aussi acquérir une œuvre personnalisée ou une toile grand format (de maximum 120 cm, facturés selon les artistes jusqu’à 5 000 euros), et pour les entreprises qui souhaitent marier art et travail, défiscaliser leurs coups de cœur. « Nous jouons un rôle d’accompagnateur de talent en offrant une visibilité internationale qui permet aux artistes d’enrichir leur CV artistique et leur cote personnelle. », explique Stéphanie Tosi. Certains peintres qui ont démarré chez Carré d’Artistes se négocient désormais plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers d’euros.
La cheffe d’entreprise qui s’est elle-même adonnée de nombreuses années à la peinture alors qu’elle était employée comme commerciale chez Masterfood, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Son programme de développement, financé à crédit et par la vente de franchises et une ouverture de capital réalisée en 2018 pour 4 millions d’euros, prévoit l’ouverture d’une quinzaine de nouveaux points de ventes d’ici 2023 et un fort déploiement de la marque en ligne favorisée par la crise sanitaire.
Face à ses concurrents galeristes, de plus en plus nombreux, sa marque dispose d’un atout de poids : une couverture phygitale qui associe la profondeur de son catalogue digital et l’émotion procurée par la vue réelle de l’œuvre en magasin dans un environnement artistique. « Le e-commerce complète l’étendue de notre service en couvrant déjà 15% de notre activité. », précise Stéphanie Tosi. Carré d’Artistes réalise avec une cinquantaine de personnes plus de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Paul Molga