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Tête d’affiche

Olivier Marchetti, une carrière sur grand écran

Olivier Marchetti @Provence Studios

Pour métamorphoser un simple entrepôt logistique au fin fond de Martigues, en studio de cinéma high tech, où se pressent désormais les majors américaines de production cinématographiques, il fallait une sacrée dose d’audace, peut-être même un brin d’inconscience pour assumer autant de risques financiers. Olivier Marchetti, fondateur de Provence Studios a cru à sa bonne étoile. 

Non, il n’est pas du sérail… Ni l’ami de producteurs, encore moins le copain de chanteurs ou d’acteurs. Sa propre histoire est un film. En 2010, Olivier Marchetti est avant tout un expert de la logistique avec ses 26 000 m2 de bâtiments d’entreposage mis à disposition des transitaires au cœur de la Venise Provençale. En exerçant ce métier exigeant, il apprend à se plier en quatre pour satisfaire le moindre désir des clients. Une bonne école de la vie finalement. 

Douze ans après le tournage de la série No Limit, il pose un regard tendre, un brin amusé sur ses débuts où il croisait des sourires en coin incrédules quand il rêvait de cinéma. 

Il évoque des rencontres décisives. Celle avec le réalisateur Didier le Pêcheur marque un tournant. « Quand il se trompe de porte et pénètre dans l’entrepôt qu’il trouve le site incroyable. », raconte Olivier avec un enthousiasme intact. Au contact de Jacques Hubinet, des Films du Soleil, il cerne les besoins des réalisateurs, réalise une étude pour imaginer le studio idéal. « J’avais vraiment envie de construire des studios qui correspondent aux attentes des professionnels. J’ai été proactif. », raconte-t-il.  

Il enchaîne les tournages de longs métrages, de séries, des clips vidéos, des pubs, des shooting photo et investit plusieurs millions d’euros pour mettre le bâtiment aux normes. Un pari, beaucoup de stress notamment quand il attend la confirmation des tournages… Dans cet univers artistique où tout le monde se connaît, Olivier, le Provincial, doit faire ses preuves. Les studios de Bry-sur-Marne tournent à plein régime, conduisant Pierre-François Martin-Laval à se positionner à Provence Studios. 

Provence Studios

2021, ANNÉE CHARNIÈRE

Pour ce seul film, il effectue 1M€ de travaux. Son équipe s’étoffe avec une quinzaine de personnes sur le pont (techniciens, commerciaux, administratifs…). Quand le monde de la culture souffre terriblement des conséquences de la pandémie, Provence Studios décolle. 2021 constitue une année charnière dans la courte vie des studios provençaux avec 565 journées de tournage : la série The Serpent QueenBac NordTitane et l’arrivée des grosses productions outre-Atlantique. 

« Ici, c’est aussi bien que Pinewood, le soleil en plus. », dira un producteur américain. Un compliment qui transporte de joie le patron des studios : « C’est comme si j’avais remporté un oscar. ». Les producteurs se passent le mot… 2021, il décroche une subvention du CNC de 800 000 €, gage de reconnaissance. Tout s’enchaîne très vite désormais. Il prend une part majoritaire dans la société de production virtuelle marseillaise Planète Rouge. Avec Lionel Payet Pigeon, ils créent Next Stage, un studio dernière génération, composé d’un écran led de 350 m2 offrant d’infinies possibilités de trucage. « Créer le désert, la Sibérie ou Times Square… Tout devient possible ! », s’enflamme Olivier. 

DÉPLOIEMENT À MARSEILLE ET PORT-DE-BOUC

Aujourd’hui, Provence Studios figure sur la feuille de route présidentielle de France 2030. Les prochains épisodes seront encore décisifs : création des Studios de la Méditerranée associant Montpellier et Nice (Victorine), conception de nouveaux studios à Port-de-Bouc (10 ha) et à Marseille (10 ha), en lieu et place de Saint-Louis Sucre. 

Sa réussite ? « C’est un cocktail. Nous possédons des espaces, près d‘une ville internationale, des techniciens formés grâce à Plus Belle La Vie, des décors naturels incroyables à moins de 30 mn. », détaille Olivier Marchetti, qui désormais supervise dix studios et deux autres de 1 500 m2 chacun, en cours de lancement. En 2022, il accueillera les équipes d’un blockbuster américain, trois longs métrages français, des séries et des clips. Le rêve martégal…

Nathalie Bureau du Colombier