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L’écologie industrielle au cœur du projet

Corinne Ramombordes @Solamat-Merex

Corinne Ramombordes, directrice générale de Solamat-Merex depuis 2015, donne une seconde vie aux déchets industriels dangereux.

Cheminées, cuves immenses, valse de camions, le siège social de Solamat-Merex, filiale du groupe Sarpi-Veolia, impressionne par son paysage métallique et rugueux ultra sécurisé. L’entreprise, ancrée à Rognac et Fos, traite et valorise « tout les déchets qui présentent un risque pour l’homme ou l’environnement, s’ils n’étaient pas pris en charge par nos installations. », résume Corinne Ramombordes. C’est-à-dire les déchets produits par l'industrie, les collectivités et les particuliers, tels que résidus d'hydrocarbures, solvants usés, pots de peinture...

Cette femme naturelle et simple, 20 ans au sein de l’entreprise, en a pris en 2015 la tête. Et mis en place un management plus collaboratif avec les 117 salariés. Cette stratégie leur permet de se sentir davantage concernés mais surtout « de prendre plus conscience de la sécurité » qui reste la priorité. L’entreprise a reçu le prix coup de cœur du trophée RSE Paca en 2017. Et récemment, une enquête QVT (qualité de vie au travail), confiée à un organisme extérieur, a indiqué un bon résultat, « 7,5 sur 10 alors que la moyenne française est 6,5 », souligne cette Gardoise avec une pointe de fierté mais sans s’enorgueillir car « il reste des points à améliorer. » Ainsi, la direction entame un travail avec des volontaires notamment sur la gestion des ressources humaines et la convivialité.

Économie circulaire

Solamat-Merex, 50 ans cette année, fut la première société en France à traiter les déchets industriels dangereux, à une époque où on commençait tout juste à s’alarmer de la pollution des cours d’eau par l’industrie. Même si elle fait partie d’un grand groupe, l’entreprise a développé ses technologies en fonction des problématiques des déchets de la région. Avec un objectif : détruire les polluants contenus dans les déchets dangereux tout en valorisant ce qui peut l’être. Plus exactement, en recyclant certaines substances ou en récupérant de l’énergie. Par exemple ? « Les solvants peuvent être recyclés et avoir un nouveau cycle de vie, la vapeur produite par la combustion des déchets permet de produire de l’électricité... ».

Le projet ICaRe, récompensé par un éco-trophées Istres Ouest Provence, illustre ce développement. Solamat-Merex neutralise les fumées de ses incinérateurs avec de la chaux neuve. Ce réactif est désormais substitué en partie par le calcium contenu dans les boues de décarbonatation (boues fluides non toxiques issues des procédés industriels). Ces boues, qui partaient autrefois en décharge, proviennent de plusieurs usines autour de l’Etang de Berre. C’est une démarche d’écologie industrielle parfaitement en adéquation avec celle de l’association PIICTO, association qui regroupe une quinzaine d’industriels du port de Marseille-Fos. Leur feuille de route 2020-2025 est de « concilier dynamisme économique et excellence environnementale », détaille celle qui en assure la présidence depuis 2019. 

Terrain d’expérimentation pour les innovations

Toujours avec PIICTO, Solamat-Merex accueille des projets externes innovants, « essentiels pour qu’ils soient prêts dans quelques années ». Vasco 2, par exemple, est un projet réalisé, qui permet d’expérimenter la valorisation du CO2 des fumées industrielles en microalgues pour produire du biocarburant. Cet été, une nouvelle technologie pour capturer le CO2 produit par les cheminées sera étudiée, « pour éventuellement les valoriser ». L’enjeu est de taille avec la neutralité carbone imposée en 2050. À 18 ans, cette ingénieure chimiste voulait être chirurgienne, mais l’histoire en a décidé autrement. Elle ne regrette rien : « en agissant pour l'environnement, je me sens autant utile. ».

Marie de Ménibus