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Comment Stéphane Mota préempte le segment mondial de la plaisance avec ses systèmes de régulation thermique ?
L’entreprise familiale basée à Aubagne est spécialisée depuis près de 60 ans dans la mise au point de systèmes de refroidissement pour moteurs. Elle surperforme sur le marché des bateaux de plaisance aux États-Unis et au Japon.
Avec les produits de niche qu’il fabrique, Stéphane Mota n’a pas d’autres choix que de faire du monde son marché. Créée par son grand-père en 1965, Mota réalise la presque totalité de son activité à l’étranger, moitié en Europe - principalement en Allemagne et en Suède -, moitié aux États-Unis et au Japon. Chiffre d’affaires : 48 millions d’euros avec près de 200 clients qui assurent un emploi à 150 collaborateurs. Et une spécialité : la conception de systèmes de refroidissements pour moteurs marins multitubulaires refroidis à l’eau.
L’entreprise installée à Aubagne a glissé progressivement vers les flots après une première diversification réussie dans le refroidissement des méga-ordinateurs : « Les motoristes se contentaient de mariniser des systèmes conçus pour les véhicules terrestres. Nous avons saisi l’opportunité d’un nouveau marché », explique ce jeune homme de 37 ans qui a démarré sa carrière dans le conseil puis l’aéronautique. Une solide formation technique qui lui a permis de prendre la tête de l’entreprise familiale. Depuis, l’activité explose : + 50% de croissance ces trois dernières années. Le rattrapage industriel post-Covid n’explique pas tout de ce succès. « Le marché a explosé sur tous nos segments », observe Stéphane Mota.
Ses systèmes équipent ainsi de plus en plus de moteurs hors-bord, dont il permet d’améliorer le rendement et ainsi d’augmenter la puissance dans le même volume de cylindrée, comme dans certaines gammes du géant Mercury. L’autre partie de croissance est tirée par les moteurs in-board à essence qui équipent les flottes de loisir et de plaisance : « Nous sommes quasiment les seuls à occuper spécifiquement ce segment en produisant des systèmes performants et compétitifs que recherche cette industrie. »
Mota conçoit ainsi une dizaine de nouveaux projets par an. Cette ingénierie, pilotée par un bureau d’étude de 20 personnes, permet à l’usine de fonctionner à plein régime quatre jours par semaine :« Nous réservons le vendredi à l’absorption des pics de charge », explique le patron. En moyenne, quelque 700 échangeurs couvrant une vingtaine de références vendues entre 100 et 3 000 euros pièce, sortent quotidiennement de ses lignes. Un plan d’investissement de plus de 10 millions d’euros prévoit l’extension des 13 000 mètres carrés du site de la Palud sur 2 000 mètres carrés supplémentaires, et à terme, il est envisagé qu’une partie de la production destinée au continent américain soit délocalisée outre-Atlantique. D’autres débouchés sont également envisagés vers les groupes électrogènes et le marché des pompes à incendie. Avec ces développements, Stéphane Mota prévoit de maintenir sa croissance aux alentours de 10% par an. L’entreprise familiale pourrait atteindre 70 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2028.
Paul Molga