Tête d'affiche
Patrick Delbos, une carrière poussée par les vents favorables
Après avoir connu les Alizées quand il pilotait des porte-conteneurs CMA CGM, Patrick Delbos pose rapidement sac à terre avec l’envie de faire carrière dans les énergies renouvelables. Il sent le vent tourner en 2005 lorsqu’il participe à la création de Voltalia, producteur indépendant d’énergie verte. La crise énergétique accélère le développement de l’ETI aixoise présente dans 22 pays.
Jurassien, Patrick Delbos se rêvait marin, il découvre Marseille sur les bancs de l’École de la Marine marchande. Capitaine de première classe, cet ingénieur, déçu des voyages au long cours, décide alors de jeter l’ancre définitivement sur ce territoire béni des Dieux pour le vent, le soleil et la mer et s’engage dans les énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, hydroélectrique et stockage).
Voltalia fondée en 2005 repose sur une stratégie multi-énergies et sur la maîtrise de la chaîne de valeur, de la détection d’un site favorable à l’exploitation d’unités de production. Un pari gagnant, avec une croissance moyenne de plus 40% par an depuis 2014. Le 13 mars dernier, l’entreprise, cotée sur l’Euronext, rejoignait le club très fermé des membres du SBF 120.
« Nous avons construit au cours des dix premières années un modèle solide avec un très bon positionnement. Nous avons su, avec agilité, nous adapter aux spécificités des pays, nous travaillons avec les autorités locales. Dès 2009, nous avons bénéficié de l’appui de la famille Mulliez pour développer un modèle nécessitant un soutien capitalistique fort et un engagement long terme », souligne Patrick Delbos qui, désormais, négocie directement avec les ministres de l’énergie !
La plus importante levée de fonds de France
En 2022, Voltalia décroche la palme de la plus grosse augmentation de capital de France (Transaction Large Cap 2022), avec 490 M€ injectés dans l’entreprise dont 70% issus de l’AFM, Association Famille Mulliez. Actuellement, 1600 MW d’énergie verte est produite et 1 000 MW en cours de construction. Voltalia exploite également près de 3 000 MW pour le compte de tiers dans le cadre de contrats long moyen ou long terme. Dans son portefeuille, 10 000 MW de projets en cours de développement en France et à l’étranger. Avec la crise énergétique provoquée par la guerre russo-ukrainienne et l’envolée des prix, l’énergie verte devient compétitive et les usines électro-intensives font appel à Voltalia : « Nous sommes sollicités pour construire des parcs de production électrique renouvelable, compétitif et rapide à mettre en œuvre. Nous apportons l’indépendance énergétique et avons signé avec plusieurs partenaires dont SNCF, Leroy Merlin ou Renault des Corporate PPA (*) », souligne Patrick Delbos.
En 2018, l’entreprise s’est lancée dans l’agrivoltaïsme en développant notamment des fermes solaires dotées d’ombrières dynamiques sur des terres agricoles. À Saint-Étienne-du-Grès, la centrale de 3 MW alimente plus de 1200 foyers tout en préservant et en améliorant la culture maraîchère sur 5ha.
Avec le rachat d’Helexia, spécialiste des bilans énergétiques, Voltalia s’est également positionnée sur le segment des PME, PMI et par ailleurs Voltalia adresse le marché des particuliers en collaboration avec Ikea et Leroy Merlin.
Si pour des raisons financières, le siège social de Voltalia se trouve à Paris, c’est à la Duranne à Aix-en-Provence que se trouvent les équipes opérationnelles avec 180 salariés sur un effectif global de plus de 1500 personnes. Voltalia compte plusieurs directions opérationnelles dans 22 pays et l’an passé a réalisé un chiffre d’affaires de 500 M€.
(*) Corporate PPA ou Corporate Power Purchase Agreement : contrat long terme qui relie directement le consommateur d’électricité, une entreprise, au producteur qui construit une nouvelle centrale renouvelable pour fournir son client.
Nathalie Bureau du Colombier